Interview : Vulpera & Sœurs d’Encre


Pour commencer, peux-tu te présenter, me parler de ton parcours et ce qui t’a amené à devenir tatoueuse ?

Je suis Aurélie, aka Vulpera, ça fait maintenant un peu plus de 5 ans que je tatoue. J’ai opté pour un parcours artistique dès le lycée avec un bac STI en art appliqué et j’ai enchaîné avec un BTS en graphisme. C’est surtout le BTS qui m’a le plus plu même si la seule chose qui me manquait était principalement l’aspect relation client ainsi que la partie manuelle car nous étions toute la journée sur un ordinateur. Suite à mes études, j’ai fait deux ans de pause en travaillant dans la grande distribution car je ne voulais pas me lancer en tant que graphiste. Lorsque j’ai commencé à travailler durant ces deux années, je me suis (enfin) fait tatouer, c’était une chose que je désirais depuis longtemps. Et le déclic s’est fait à ce moment-là.

Le métier de tatoueur m’a toujours attiré, on est vraiment sur du dessin pur et c’est ce que j’ai toujours aimé depuis toute petite.

C’est à ce moment précis où je me suis dit « et pourquoi pas moi ? », je suis issue de ce milieu suite à mes diverses formations, j’ai donc décidé d’arrêter mon travail et de me lancer dans le tatouage, en me créant un book et en démarchant des shops. Quelques mois après, l’aventure s’est lancée !

Tu nous parles régulièrement de l’association Sœurs d’Encre, peux-tu nous expliquer le but de cette association et comment tu en es venue à en faire partie ?

Le but de cette association est avant tout de permettre à des femmes qui ont subi un cancer du sein et une mastectomie, qui ont des cicatrices encore visibles ou une poitrine à plat, de masquer les cicatrices et tourner la page avec un tattoo. Une fois par an, l’association organise un événement, Rose Tattoo, se déroulant au mois d’octobre (durant Octobre Rose) permettant à des femmes de se voir offrir un tatouage.

J’ai connu cette association quand je réalisais mes books, lorsque je me lançais dans le monde du tatouage. Je l’ai également connu à travers un podcast de Stefayako. J’ai directement accroché à l’idée et à l’utilité de ce que peut apporter le tatouage.

Je n’ai jamais eu de personnes au sein de mon entourage qui ont été touchées par le cancer, mais j’ai toujours vu des personnes en souffrir. Le cancer touche beaucoup plus de gens qu’on ne pourrait l’imaginer.

J’aime l’idée d’aider les autres à se retrouver, à s’assumer. À mon sens c’est la fonction même du tatouage, le fait de pouvoir s’approprier son corps, de pouvoir décider qui nous sommes. Dans le cas d’une personne qui a été touchée par une mastectomie et qui n’a pas pu choisir ce qui allait advenir de son corps, c’est le moment de pouvoir entamer ce processus.

En tant que tatoueuse et cogérante de l’Atelier, comment interviens-tu auprès de cette association ? Comment vit-on le métier de tatoueuse dans ce cas ?

Pour les tatoueuses membres de l’association, on se retrouve une fois par an dans différentes villes : Bordeaux, Paris et Colmar pour l’instant. C’est un événement qui dure entre deux et trois jours et durant lequel nous offrons un tatouage. Le processus est relativement simple, ce sont les femmes ayant subi une mastectomie qui contactent l’association, c’est ensuite l’association qui réalise tout le travail préliminaire comme s’assurer de la condition de santé de la personne et si elle est guérie et par la suite, les projets sont répartis aux différentes tatoueuses disponibles.

En tant que tatoueuses, nous avons assisté à une réunion d’information avec une chirurgienne, un oncologue et une psychologue afin de nous expliquer ce qu’il était possible de faire et ne pas faire sur une personne ayant subi des interventions, le laps de temps après lequel nous pouvons tatouer après une chimiothérapie, après une radiothérapie, mais également sur les bons réflexes à adopter, les personnes à contacter (médecins…) et savoir quelles sont les zones qui peuvent être tatouées sans aucun danger.

Comment se déroule une séance de tatouage pour une femme ayant subi une mastectomie ?

Dans un premier temps, il y a une session de rencontre, elle peut se réaliser en visio mais il est préférable de réaliser cette session en physique afin de voir réellement où sont les cicatrices et faire un premier placement, un premier jet sur le corps de la personne afin d’élaborer le projet qui couvrira le mieux la cicatrice et qui plaira le mieux à la future tatouée.

Une fois le projet conçu, cela se déroule comme une séance de tatouage classique : la pose du stencil (qui peut prendre un peu plus de temps comparé à d’autres zones) et plus qu’à tatouer !

Quel sentiment, quelles sont les réactions de la personne tatouée après la session ?

On ressent généralement une personne plus souriante. La phrase qui ressort le plus souvent est : “j’ai retrouvé mon corps de femme”. Cette sensation montre que la page est tournée et que nous pouvons faire sortir la personne de toutes ses mésaventures. Le fait de voir que nous avons redéfini une nouvelle forme de féminité et d’avoir participé aux retrouvailles de la personne avec son corps et le fait de lui réapprendre à aimer son corps est un réel sentiment de libération.



LE PETIT PLUS

L’Atelier Tattoo c’est un salon de tatouage présent dans le magnifique quartier des Brotteaux, à Lyon depuis 2016.

Une idée pour un projet perso ? Nous sommes là pour t’accompagner et te proposer un projet conforme à tes attentes et ton budget.

Si tu veux un aperçu de la belle ambiance qui règne au studio, n’hésite pas à consulter les avis du shop : clique-ici !

À bientôt !

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